Watt, le bus qui se recharge à chaque arrêt en 10 secondes

Un ministre scotché, des journalistes inspirés et un patron aux anges. Aucun doute, le projet Watt n’a pas raté son grand oral au ministère de l’écologie le 18 juin dernier. Il faut dire que ce concept retenu par le Fonds démonstrateur pour les véhicules décarbonés a de quoi intriguer. Son principe ? Un bus tout électrique qui se recharge à chaque « stop » grâce à un bras articulé qui se raccorde aux arrêts de bus. Et rien à voir avec la science-fiction si l’on en croit Michel Bouton, PDG de la société francilienne PVI : « Watt, c’est d’abord une idée maison issue de notre expérience avec le Montmartrobus (ndlr : petit bus électrique de tourisme à Paris). Pour fonctionner, il a besoin d’une recharge intermédiaire au cours de la journée. Après réflexion, on a cherché une solution applicable à des véhicules lourds et sans temps de recharge, afin de proposer un service en continu. »

Lancé il y a quatre ans, le programme de recherche mené par cette ancienne filiale de Ponticelli a tout d’abord consisté à valider techniquement l’innovation imaginée en interne. « Nous devions passer par un travail en laboratoire pour voir si nous étions capables de gérer les transferts électriques. Nous avons donc mis au point toute une expérimentation pour transformer le séduisant concept Watt en un projet industriel techniquement viable ». Une phase cruciale qui se concrétisera courant 2008 avec le dépôt d’un brevet international, véritable acte de naissance de cette technologie unique dans le secteur des transports.

Désormais arrêté, le principe technique de Watt (Wireless Alternative Trolley Technology) consiste donc à équiper un bus standard Heuliez de super-condensateurs capables de distribuer et stocker l’énergie. A chaque arrêt, un transfert énergétique automatique de 10 secondes va ainsi doter le véhicule de 300 kW, soit sa consommation électrique jusqu’au prochain arrêt (entre 600 et 800 mètres). Un dispositif complété par un pack additionnel de batteries qui permet au véhicule de poursuivre son trajet en cas d’incident ou de détour exceptionnel. De quoi ramener engin et passagers à bon port sans risque de panne.

Un projet soutenu à hauteur de 2,8 millions d’euros

Pour ce projet ambitieux, PVI peut donc désormais compter sur les quelques 2,8 millions d’euros que lui a alloué le Fonds démonstrateur de l’Ademe pour les véhicules décarbonés. « Cette aide nous sera très précieuse, car nous n’avons pas les moyens des grands constructeurs alors qu’il s’agit d’un projet de recherche de près de 7 millions d’euros. Avec cet argent, nous allons gagner beaucoup de temps », explique ainsi Michel Bouton. PVI pourra également se reposer sur son partenaire Veolia. Bien implanté dans les transports urbains, le groupe a en effet décidé pour ce projet de s’associer au « petit » spécialiste français du véhicule industriel urbain à énergie alternative. Petit mais costaud.

Il faut dire qu’avec un prix au kilomètre à 0,10 euros contre 0,50 pour un bus au diesel, Watt pourrait rapidement séduire les collectivités et leurs capacités d’investissement. « Nous devons concevoir un modèle qui permette d’assurer la viabilité économique du bus afin de proposer un amortissement inférieur à la durée de vie d’un bus (ndlr : environ 12 ans) par rapport à un modèle classique ». Avec, pour ultime atout, sa simplicité technique. L’infrastructure de Watt ne nécessitant qu’une installation électrique de 12 kW et un peu d’espace sur les voies pour faciliter la recharge des véhicules.

« C’est un marché qui concerne directement tous les pays industrialisés, nous ne sommes pas tributaires d’un constructeur ou d’un mode d’exploitation. On ne veut pas jouer les fanfarons, mais on pense qu’il y a un gros potentiel », présage, confiant, Michel Bouton. Un entrepreneur qui piaffe d’impatience d’intégrer son bus « tout électrique » à une vraie ligne commerciale pour un premier test grandeur nature. Cela se fera en 2011. Et peut-être à Valenciennes, ville chère à Jean-Louis Borloo, ministre d’Etat à l’Ecologie. A croire que Watt n’a décidément pas raté son grand oral.

Source : http://www.cleantechrepublic.com/2009/06/29/watt-le-bus-electrique-qui-se-recharge-a-chaque-arret/

Le projet Watt ne devrait voir le jour en exploitation commerciale qu'en 2011, toujours d'après Vincent Eblé.