Des chercheurs du CNRS et de l’Inserm de Lille sont sur la voie de l’élaboration d’un vaccin oral contre le paludisme. Si les premiers tests, effectués sur des souris, se sont révélés concluants, nul ne peut prédire s’il en sera de même pour l’homme. Toutefois, cette découverte est porteuse de nombreux espoirs pour le million de victimes, dont une majorité d’enfants, qui, chaque année, succombe au paludisme.
Le parasite Plasmodium vit-il ses dernières heures ? Non ! Est-il sur le point de devenir inoffensif ? C’est en substance ce que laissent supposer les premiers tests effectués sur des souris par deux équipes de chercheurs du CNRS des universités de Lille 1 et 2. Après avoir nourri les souris en question avec de l’amidon génétiquement modifié, les chercheurs leur ont inoculé la maladie. Résultat : seuls quelques spécimens ont contracté le paludisme.
Un vaccin ingérable
Dans les faits, ces savants (loin d’être fous !) ont modifié le génome d’une algue verte pour qu’elle développe, dans ses grains d’amidon, un antigène (protéine qui déclenche l’immunité du sujet) de Plasmodium. Si cette découverte offre d’heureuses perspectives, c’est en partie parce que l’amidon présente des facilités de production, de stockage (sans précaution particulière), de coût et de distribution. Dans le cas où ce vaccin serait transposable à l’homme, l’amidon pourrait ainsi être issu de maïs, de pommes de terre ou d’une autre algue couramment ingérée en Afrique.
Protégée par un brevet, cette méthode de vaccination orale serait également très simple à mettre en place en Afrique et constituerait ainsi une méthode alternative de nutrition pour les principales victimes du paludisme : les enfants de moins de trois ans. Ceux-ci sont en effet particulièrement exposés : dans le monde, un enfant contracte la maladie toutes les 30 secondes ! « Cet amidon-vaccin mis au point, la meilleure façon de l’administrer serait de l’incorporer quotidiennement dans la nourriture des enfants du tiers-monde jusqu’à l’âge de trois ans » confirme Stanislas Tomavo, l’un des chercheurs du projet.
Inadéquation des tests sur animaux
Toutefois, point de triomphalisme ! De nombreux scandales sanitaires, dont le très récent Médiator ou encore le Vioxx, ont mis en lumière l’inefficacité des tests préalables sur animaux. D’autres tests, en cours d’élaboration et basés sur des données humaines, ont démontré au contraire leur bien-fondé et leur efficience. Pourtant, c’est toute la réglementation qu’il faudrait modifier, celle-ci ne permettant pas la mise sur le marché de médicaments non testés sur les animaux. Pourquoi persister dans cette voie ?
Source : http://www.developpementdurable.com/technologie/2010/12/A5660/la-pomme-de-terre-vaincra-t-elle-le-palu.html