TOKYO (Reuters) - Le Japon veut réduire de moitié d'ici deux ans les taux de radiation dans les lieux contaminés par l'accident nucléaire de Fukushima, a déclaré vendredi le ministre japonais chargé de la crise nucléaire, Goshi Hosono, lors d'une conférence de presse.
Selon des directives dévoilées vendredi, le gouvernement prévoit d'extraire de la terre, d'enlever des plantes et des arbres ainsi que de nettoyer les toits des bâtiments dans une zone d'une superficie de plusieurs milliers de kilomètres carrés autour de la centrale.
L'opération de nettoyage pourrait coûter des dizaines de milliards de dollars, et les milliers d'habitants évacués pourraient ne pas pouvoir regagner leur domicile avant des années, si ce n'est jamais.
Les taux de radiation sur les zones contaminées doivent diminuer naturellement de 40% d'ici 2 ans, et le gouvernement compte accélérer le processus de 10% supplémentaires.
L'autre objectif clé du gouvernement est de faire passer au-dessous de la barre des 20 millisievert (mSv) par an -seuil d'évacuation- les zones qui dépassent ce niveau.
"A la fin, nous espérons atteindre ce but dans une plus courte période. Les technologies continuent à progresser et c'est envisageable si nous avons suffisamment d'argent", a déclaré le ministre.
Le Japon a interdit à la population de pénétrer dans un rayon de 20km autour de la centrale nucléaire de Fukushima- Daiichi.
Le 11 mars, un séisme très puissant suivi d'un tsunami dévastateur dans le nord-est du Japon avait mis en panne le système de refroidissement, provoqué la fonte du coeur des réacteurs de la centrale et libéré des radiations. Près de 80.000 personnes ont été évacuées de la zone autour de la centrale.
Les directives appellent aussi à un nettoyage intégral des lieux fréquentés par les enfants comme les écoles et les parcs, afin de faire passer le seuil annuel de rayonnements ionisants au dessous d'1 millisievert.
La superficie à nettoyer serait comprise entre 1.000 et 4.000 km2, soit entre 0,3% et 1% du territoire japonais, ont dit les experts. Gratter la couche supérieure des terres agricoles pourrait cependant nuire à leur fertilité future.
Le gouvernement a déclaré qu'il assumerait l'entière responsabilité des sols et des débris ramassés pendant le nettoyage, mais n'a pas encore trouvé de solution durable pour stocker des matériaux radioactifs.
ORGANE DE CONTRÔLE DU NUCLÉAIRE
La catastrophe de Fukushima a poussé le Japon à revoir entièrement sa politique énergétique, notamment ses normes de sécurité nucléaires.
Le gouvernement a annoncé ce mois-ci la mise en place d'une nouvelle autorité de sûreté nucléaire qui ne sera plus contrôlée par le ministère du Commerce, traditionnellement pro-nucléaire, mais par le ministère de l'Environnement, relativement épargné par les critiques de collusion avec l'industrie.
"Un management de crise, qui n'avait pas été complètement établi auparavant, sera adopté par la nouvelle organisation", a dit Goshi Hosono.
Hélène Duvigneau pour le service français
Source : Reuters