Au moment de souffler les dix bougies des Objectifs pour le développement du millénaire (ODM), le bilan pose question sur l'efficacité de l'aide internationale. Les pays qui arrivent en tête du palmarès des succès remportés dans la lutte contre la pauvreté ne sont pas ceux qui ont le plus bénéficié de la 'générosité' des pays riches, mais ceux qui ont mené des politiques leur permettant d'engranger la plus forte croissance économique tout en maîtrisant leur insertion dans l'économie mondiale.
La Chine en est le meilleur exemple. 'Les grandes victoires des ODM se trouvent dans les pays émergents qui ont réussi à mener de front des politiques économiques, sanitaires, éducatives, et les grands échecs s'inscrivent en Afrique subsaharienne, où la dynamique économique n'a pas été suffisante pour financer de façon pérenne les budgets sociaux, alors que l'aide internationale subissait elle-même une grande volatilité', constate André Pouillès-Duplaix, de l'Agence française de développement.
Pour justifier ces échecs, l'insuffisance de l'aide est le plus souvent mise en avant. Les pays riches n'avaient-ils pas promis en 1970 de consacrer 0,7 % de leur PIB à aider le Sud ? Quarante ans après, leur effort atteint tout juste 0,3 %. Plus d'aide : encore une fois, les bailleurs seront mis à New York face à leurs promesses. A quelques jours du sommet, les agences multilatérales de coopération et les organisations non gouvernementales ont commencé de faire les comptes : il manque 16 milliards de dollars (12,6 milliards d'euros) pour doubler l'aide à l'Afrique subsaharienne, comme cela avait été promis au G8 de Gleneagles, en 2005 ; il faudrait allouer une enveloppe supplémentaire de 37 milliards de dollars au secteur de la santé, selon l'Organisation mondiale de la santé, 37 milliards de dollars également, selon Oxfam, pour résoudre le problème de la malnutrition, et encore 10 milliards pour l'éducation, sans compter les nouveaux besoins - 100 milliards de dollars à l'horizon 2020 - pour faire face au changement climatique. L'aide publique au développement à elle seule ne pourra répondre à tous ces besoins, d'où l'idée de trouver à travers des taxations internationales de nouvelles sources de financement, d'où la montée en puissance aussi des milliardaires philanthropes tel Bill Gates ou Warren Buffett...
Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/09/11/pauvrete-les-promesses-non-tenues-de-l-aide-internationale_1409881_3244.html#xtor=AL-32280184