Station spatiale chinoise pour 2015

A l'horizon 2015, la Chine devrait disposer de sa propre station spatiale, qui lui permettra d'assurer une présence orbitale de longue durée. Dès l'an prochain, les Chinois projettent en effet de lancer le module spatial Tiangong-1 (Palais céleste), pièce maîtresse de la future station. Ce module de 8,5 tonnes offrira à la fois un espace de vie pour ses futurs occupants et un laboratoire où seront menées des expériences en microgravité. Auparavant, les Chinois devront expérimenter les techniques complexes d'amarrage spatial grâce au vaisseau automatique Shenzhou-8, qui devrait être lancé fin 2011. En 2012, ce sera au tour de « taïkonautes » (astronautes chinois) de tester ces manoeuvres, de manière manuelle, au cours des missions Shenzhou-9 et Shenzhou-10. L'agence spatiale CNSA a sélectionné sept taïkonautes - cinq hommes et deux femmes, une première. Le pays construit ainsi, pas à pas, un programme ambitieux, qui en fait une puissance spatiale de premier rang.
Parallèlement, la Chine développe un programme d'exploration lunaire, qui a débuté en 2007 par l'envoi de la sonde Chang'e 1, chargée de cartographier certaines régions de la Lune. En mars, l'agence de presse Xinhua (Chine nouvelle) a annoncé que Chang'e 2 serait lancée en octobre. Elle devrait conduire des recherches et prendre des images depuis une orbite à 100 kilomètres de la surface, préparant ainsi l'alunissage en douceur de la mission Chang'e 3, en 2013. Cette mission comprendra un « rover » qui explorera la surface et le sous-sol de la Lune. En 2017, l'agence chinoise prévoit, après analyses sur place, un retour d'échantillons lunaires sur Terre, via des sondes robotisées. Alors que les Etats-Unis et leurs partenaires viennent de renoncer à retourner sur la Lune, la Chine, elle, continue d'envisager l'arrivée de taïkonautes sur notre satellite naturel vers 2025-2030.
« Les Chinois suivent ligne à ligne, avec constance, ce qui était prévu dans le deuxième livre blanc sur l'espace de 2006, remarque Isabelle Sourbès-Verger, directrice adjointe du Centre Alexandre-Koyré et spécialiste de l'espace chinois (*). Leur programme n'est pas très coûteux : il est directement inspiré des technologies soviétiques mises en place dans les années 1960, qu'ils améliorent et apprennent à faire par eux-mêmes, tout en s'assurant que chaque étape soit utile à long terme. Il y a un grand souci d'économie, sans effet d'annonces, «à la Kennedy». Ils respectent les échéances et demeurent peu influencés par les circonstances extérieures, à l'opposé du programme spatial américain, par exemple. »
(*)Un empire très céleste, la Chine à la conquête de l'espace, d'Isabelle Sourbès-Verger et Denis Borel, Dunod.

Sylvie Rouat

Source : http://www.sciencesetavenir.fr/magazine/decouvertes/098076/elle-construit-sa-propre-station-spatiale.html