Asseyez-vous sur la jolie plage de galets de Veulettes-sur-Mer. Mettez une main en visière, plissez les yeux, regardez au loin. Rien. Une ligne d'horizon qui se perd dans la brume. Mais pas l'ombre d'une des 21 éoliennes alignées par rangées de sept. Depuis cinq ans, la petite station balnéaire de Seine-Maritime attend de voir émerger ce qui devait être le premier parc éolien offshore français. En septembre 2005, Christian Legrand, maire de ce village de 330 habitants, apprend - par un journaliste - que sa commune est la seule retenue par le ministre de l'Industrie dans le cadre du premier appel d'offres d'éolien offshore.
Converti. Surpris, mais conquis, il voit débarquer les curieux dès le week-end suivant : «Ça faisait connaître Veulettes. Je me suis dit "les gens vont venir, ils iront manger, ils iront au casino, ce sera bon pour le tourisme et l'économie locale".» Le conseil municipal apporte son soutien. Le pêcheur local, sceptique, est converti, sous réserve de pouvoir exercer son activité entre les pilônes.
Ce projet de 105 mégawatts est porté par la filiale française de l'allemand Enertrag. «Un projet pilote avec des contours administratifs pas très clairs», raconte Guillaume Fagot, d'Enertrag. L'entreprise essuie les plâtres à une époque où l'offshore n'est qu'une promesse, technologique comme économique. Elle obtient une concession d'utilisation du domaine public maritime, une autorisation pour le raccordement, et un permis de construire. Depuis 2008, elle a tous les feux verts.
Pourquoi aucun mât n'a-t-il poussé ? Un commerçant confie, énigmatique : «Madame Servan-Schreiber est intervenue en haut lieu pour que ce soit reporté.» Sabine Servan-Schreiber, veuve de Jean-Jacques, dont la famille est installée à Veulettes depuis l'après-guerre, a saisi le tribunal administratif, comme présidente de l'association d'opposants Vent de travers. Accompagnée de résident...
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