L'Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) ont publié un rapport alertant les autorités nigérianes pour éviter toute pollution au plomb dans le nord du Nigeria. Le rapport recommande de prendre davantage de mesures pour limiter les activités de traitement de minerais dans certains sites sensibles proches des sources d'eau à partir desquelles les populations locales et leur bétail boivent.
Le rapport préconise également un nettoyage des villages touchés par cette pollution dès que possible, et ce pour s'assurer que les enfants souffrants d'intoxication au plomb puissent retourner chez eux pour suivre un traitement de revalidation.
Depuis le début de l'année 2010, des taux anormalement élevé de mortalité et de maladies infantiles ont été enregistrés dans les régions de Bukkuyum et d'Anka, dans l'État de Zamfara, au nord du Nigeria. L'enquête menée par une équipe de spécialistes du PNUE/OCHA a révélé que cette pollution aiguë provient de l'utilisation de minerai riche en plomb utilisé pour l'extraction d'or dans la région. Plus de 18.000 personnes ont été touchées et plus de 200 enfants seraient morts à la suite d'un empoisonnement au plomb.
Ce nouveau rapport est basé sur les conclusions d'un travail d'échantillonnage et d'analyses demandé par le ministère fédéral de la Santé du Nigéria, en septembre 2010. Quatre experts techniques ont pris part à cette mission. Ils avaient à leur disposition des équipements prêtés du Module d'évaluation environnementale (EAM). Enfin, ils disposaient d'un laboratoire mobile conçu et assemblé spécifiquement pour un déploiement international. Ce dernier leur a été fourni par le gouvernement des Pays-Bas.
La mission s'est concentrée sur les quantités de plomb présentes dans l'eau en surface et dans les nappes phréatiques. Lors du travail d'analyse, l'équipe de spécialistes s'est notamment basée sur des enquêtes précédentes faites dans l'Etat de Zamfara. Des niveaux anormalement élevés de plomb ont été trouvés dans le sol, et les niveaux de mercure relevé dans l'air sont près de 500 fois supérieurs à la limite acceptable.
Conclusions du rapport
Eau
La mission a constaté que l'eau potable provenant des puits ne répondait pas aux normes édictées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ni aux normes fixé par le gouvernement nigérian (10 microgrammes par litre). Dans bien des cas, les teneurs en plomb sont plus de dix fois supérieures aux normes en vigueur. L'eau dans les étangs est souvent très fortement contaminée. Toutefois, aucun puits de forage ne semble avoir été contaminé, ce qui indique que la pollution au plomb est probablement restée confinée à des zones où l'extraction de l'or à partir de minerais de plomb est pratiquée, et n'a pas encore atteint les nappes phréatiques.
Sol
Dans les quatre villages visités qui n'avaient pas encore été nettoyés, le sol était souvent très pollués par le plomb. Comme les jeunes enfants ingèrent souvent de la terre par inadvertance, lorsqu'ils portent leurs mains à la bouche. Ces fortes concentrations de plomb retrouvées dans la terre peuvent exposer les enfants à des quantités potentiellement dangereuses de plomb.
Air
Les niveaux de mercure dans l'air sont près de 500 fois supérieurs à l'exposition maximale autorisée pour les travailleurs aux Pays-Bas.
Les solutions
La réponse à ce problème implique des soins médicaux dans les cas les plus graves d'intoxication au plomb chez les enfants de moins de cinq ans, et la décontamination des maisons et des villages. Ces deux activités sont nécessaires parce que le traitement médical est inefficace si à leurs retour dans leurs maison des enfants décontaminés sont ré-exposés au plomb. Beaucoup d'enfants de plus de cinq ans, ainsi que de nombreux adultes, qui ont été testés dans les zones touchées ont des niveaux de plomb dans le sang extrêmement élevés et doivent suivre un traitement.
L'intervention médicale sur place est dirigée par les équipes de Médecins sans frontières (MSF Hollande), en collaboration avec l'OMS et les Fonds pour l'enfance de l'ONU (UNICEF). Le « Central Emergency Response Fund (CERF) » a alloué 2 millions de dollars en réponse à la crise.
Source : http://www.notre-planete.info/actualites/actu_2657_or_pollution_polomb_Nigeria.php