Facture d'électricité : augmentera ou augmentera pas ?
Les tarifs de l'électricité vont-ils augmenter ? Mercredi, le ministre de l'énergie Eric Besson assurait que non, si le gouvernement était maintenu après 2012. Ce n'est pas l'avis d'un rapport confidentiel rédigé par des experts, qui préconise d'augmenter sensiblement les tarifs réglementés de l'électricité pour refléter le nouveau niveau du prix de gros de l'électricité nucléaire. En vertu de la loi sur la Nouvelle organisation du marché de l'électricité (Nome), EDF va devoir vendre une partie de la production de ses centrales nucléaires à ses concurrents à un prix de gros. Le gouvernement avait demandé à une commission d'experts présidée par l'ancien directeur de l'Insee Paul Champsaur de le conseiller dans la fixation de ce prix de gros, baptisé Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh). La commission Champsaur suggérait de fixer ce prix à 39 euros le mégawattheure (MWh) sur toute la période 2011-2015. Mardi, le gouvernement a choisi de le fixer à 40 euros au 1er juillet puis à 42 euros au 1er janvier 2012, cédant ainsi aux demandes d'EDF. Une raison de s'alarmer pour la commission.
Celle-ci avait pourtant mis en garde le gouvernement contre la fixation d'un prix trop élevé, en raison des répercussions que cela aurait sur les tarifs réglementés de l'électricité vendue aux ménages. "Conformément à la loi, le prix de l'Arenh en 2015 devra (...) être cohérent avec les tarifs réglementés", rappelle en effet le rapport. Actuellement, les Français paient l'électricité nucléaire entre 32 et 34 euros/MWh, selon la commission, soit environ 27% de moins que le prix fixé mardi par le gouvernement.
Un prix de départ de 39 euros supposerait déjà "une hausse des tarifs réglementés au rythme de l'inflation plus 2% par an (hors taxes)". Au rythme actuel de l'inflation (2% sur un an en avril), cela aboutirait à une hausse des tarifs de 4% par an. Et c'est sans prendre en compte la hausse de la CSPE, taxe finançant notamment les énergies renouvelables, qui devrait engendrer des hausses de facture de 2 à 3% par an ces prochaines années. Avec un prix de départ de 42 euros/MWh, la hausse des tarifs réglementés sera supérieure, de 2,5% par an en plus de l'inflation, selon le rapport Champsaur.
Pas de "lien mécanique" entre le prix de gros et les tarifs
Le ministre de l'Energie, Eric Besson, nie pour sa part tout "lien mécanique" entre le prix de gros arrêté pour l'électricité nucléaire et les tarifs de l'électricité. Mercredi, il a assuré que le gouvernement, qui vient de plafonner à 2,9% l'augmentation des tarifs d'ici juillet 2012, s'opposerait à toute forte hausse d'ici à 2015, s'il est maintenu après l'élection présidentielle.
La SNCF voudrait embaucher mais n'y parvient pas
C'est un paradoxe rageant en cette période de saturation du marché de l'emploi. La SNCF, qui a de nombreux emplois à pourvoir en 2011, ne parvient pas à embaucher. Et ce malgré un énorme afflux de CV. "Nous avons reçu 88.600 candidatures spontanées lors du premier trimestre 2011, c'est deux fois plus qu'en 2010 sur la même période!", confie François Nogué, directeur des ressources humaines, en présentant une campagne de communication lancée cette semaine. Oui mais voilà, constate aussi le DRH, " nous avons, sur un total de 9.000 embauches prévues en 2011, encore 8.000 postes à pourvoir". "un véritable défi", explique François Nogué.
Mais alors, qu'est-ce qui coince ? Plusieurs explications sont avancées par la direction, au premier rang desquelles "la technicité de beaucoup de métiers" dans la maintenance des voies et du matériel roulant, en plus des conducteurs et des responsables de la circulation. Dans ces filières, la SNCF recrute à tous les niveaux: Bac, Bac+2, licence professionnelle, ingénieurs. "Mais il y a une concurrence forte entre entreprises dans ces métiers techniques", note François Nogué. Pour Thierry Nier de la CGT-cheminots, le niveau des salaires est aussi en cause. "Les jeunes diplômés veulent être payés à la hauteur de leur qualification", estime le syndicaliste.
"Il y a aussi beaucoup de travail en extérieur pour l'entretien des voies, cela ne plaît pas à tout le monde", note le directeur des ressources humaines. Autre facteur décourageant pour nombre de candidats: les contraintes d'emplois du temps imposées par la nécessité d'assurer un service 365 jours par an parfois à des horaires décalés. "Quand vous faites venir des jeunes à une présentation et que vous leur dites qu'il faut aussi travailler le week-end, certains jours fériés, commencer à 05h du matin, ou travailler une partie de la nuit, beaucoup ne reviennent pas", affirme François Nogué. Thierry Nier (CGT) confirme: "beaucoup de candidats découvrent lors des premiers entretiens que le service public, c'est sept jours sur sept et 365 jours par an". Pour les conducteurs de trains, s'ajoutent aussi les exigences de la formation (rigueur, bonne santé).
Un marché du recrutement "très tendu" en Ile-de-France
Enfin, la moitié des 9.000 postes à pourvoir le sont en Ile-de-France où "le marché du recrutement est très tendu", souligne François Nogué. Le groupe ira même présenter ces offres à des ouvriers de PSA du site d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, en phase de restructuration. Et le DRH de conclure sur une note plus attrayante: "l'ascenseur social est une réalité chez nous, 50% de nos cadres ont commencé comme des non-cadres".
Les embauches de 2011 doivent se faire pour moitié dans la maison-mère pour le transport de voyageurs et pour moitié dans les filiales privées. Keolis, qui assure le transport urbain, cherche 3.500 personnes, dont 90% de conducteurs de bus et tramways, en région parisienne, en Rhône-Alpes, à Bordeaux et Lille. Geodis, qui transporte des marchandises, vise 1.000 embauches, dont 400 chauffeurs routiers et 400 opérateurs de logistique. En 2011, le solde des départs et des embauches dans la maison-mère, qui s'élève à 155.000 cheminots environ, sera d'ailleurs encore négatif avec plus de 1.800 postes supprimés. Le groupe compte désormais plus de 235.000 personnes.
Source: http://lci.tf1.fr/